Ecologie de l’Érismature à tête blanche Oxyura leucocephala dans les zones humides de la Numidie algérienne (du Littoral Est de l’Algérie).
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Date
2013
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L’Érismature à tête blanche Oxyura leucocephala est une espèce paléarctique, classée « en danger »
sur la liste rouge de l’IUCN (BirdLife International, 2004, 2008). L’Algérie abrite un effectif
relativement important de cette espèce. Le Lac Tonga, la mare Boussedra et probablement le Lac
Fetzara (bien que nous manquions de données pour ce dernier) accueillent la majeure partie de
l’effectif en Algérie. Le suivi de la distribution spatio-temporelle de l’espèce au cours d’un cycle
annuel (septembre 2011 – août 2012) a montré que Le Lac Tonga et la mare Boussedra jouent le
rôle de site d’hivernage et de reproduction pour les Érismatures à tête blanche. La population
hivernante est d’environ 350 individus et la population sédentaire nicheuse est d’environ 30 couples
pour chaque site. Pendant la saison d’hivernage, les Érismatures à tête blanche optent pour le
grégarisme et occupent des zones dégagées de végétation émergente en compagnie d’autres canards
plongeurs tandis que pendant la saison de reproduction les oiseaux sont éparpillés en couples et/ou
individus séparés par des strates de végétation émergente. Le suivi des rythmes d’activités diurnes
de l’Érismature à tête blanche au Lac Tonga (septembre 2011 – août 2012) a montré que le
sommeil est l’activité dominante (62,42%). Cette activité est plus importante en période hivernale
(77,79%) que durant la saison de reproduction (47,05%). Le sommeil est suivi de la nage (18,5%),
de l’alimentation (12,7%), de l’entretien du plumage (5,57%), du vol (0,52%), de la parade (0,17%)
et enfin de l’activité agonistique (0,13%). Des différences importantes ont été notées dans le budget
d’activité entre la saison d’hivernage et de reproduction. Le sommeil et la nage constituent 89% de
l'ensemble des activités de la saison d'hivernage tandis que la nage et l'alimentation sont les
activités dominantes de la saison de reproduction soit 86%. Le sommeil pic l’après-midi, tandis que
l'alimentation atteint son maximum à midi. Nous avons étudié l’écologie de la reproduction de
l’Érismature à tête blanche pendant deux saisons successives au Lac Tonga et à la marre Boussedra.
La comparaison de nos résultats concernant les paramètres de reproduction de l’Érismature à tête
blanche à la Numidie avec celle des Hautes Plaines du Constantinois et de l’Europe soulignant des
différences dans la date de ponte, les dimensions des œufs et de la grandeur de ponte. Nos données
suggèrent que la sélection des sites de nidification est fortement influencée par la densité de
végétation pour assurer un bon camouflage des nids, une hauteur du support végétal dépassant au
moins le 1,5m, une profondeur d’eau relativement importante. Ainsi ils ont choisi des sites loin des
sources de dérangement, et des sites où la prédation est relativement moins concentrée. On a ainsi
constaté que les Érismatures et Fuligules nyroca ont les mêmes exigences vis-à-vis les sites des
nids. Nous avons démontré un taux relativement élevé de parasitisme conspécifique et de
parasitisme interspécifique surtout sur la mare Boussedra, probablement lié à la forte densité des
nids et à une prédation intense, causée par le Rat noir Rattus rattus et la couleuvre vipérine Natrix
maura. Nos données indiquent un faible succès de la reproduction causé par un fort taux d’échec de
la reproduction au stade œuf, dû principalement à la prédation naturelle à la mare Boussedra et à
l’abandon des nids au Lac Tonga.