Composition et variations du peuplement ichtyologique côtier dans la région Ouest du golfe d’Annaba (Algérie)
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Date
2018
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Cette étude entre dans le cadre d’un projet national qui vise la caractérisation du peuplement ichtyologique
côtier du golfe d’Annaba qui sont soumis aux influences anthropiques multiples et notamment aux activités de la
pêche artisanale intense, souvent non contrôlée. Dans le cas présent, elle vise (i) l’actualisation de l’inventaire des
poissons des côtes Est algériennes (ii) la recherche d’éventuelles variations spatiales et temporelles au sein des
peuplements ichtyologiques qui colonisent les petits fonds du golfe d’Annaba (iii) le renforcement du dispositif de
protection et de conservation des principaux stocks halieutiques côtiers en vue d’une exploitation raisonnée et
durable par la pêche artisanale.
Le peuplement ichtyologique des petits fonds mixtes de la baie Ouest d’Annaba (Algérie) a été étudié par
une approche qualitative et quantitative. Entre juin 2012 et mai 2013, un total de 48 pêches expérimentales diurnes et
nocturnes ont été réalisées au moyen de deux engins de pêche (senne de plage, filet trémail), dans trois sites côtiers
contigus (Aïn-Achir, Belvédère et La Caroube). La composition qualitative et quantitative a été déterminée
globalement et séparément en utilisant les deux engins de capture. Au total, 50 espèces, appartenant à 26 familles,
ont été identifiées, soit une abondance totale de 6191 individus représentant une biomasse de 20,6 kg. Les familles
dominantes sont les Sparidae (41,68%) suivies des Atherinidae (26,20%) et des Mugilidae (18,31%). Les espèces les
plus abondantes sont par ordre d’importance: le bogue Boops boops (2546 individus) suivie des atherines Atherina
puctata et (1091 individus), et Atherina boyeri (795 individus) et le poisson étoile Trachinotus ovatus (247
individus).
L’étude des comparaisons spatio-temporelles, globalement et avec les deux engins séparément, met en
évidence des variations entre la méthode de prélèvement, le nycthémère, les saisons et les sites. En utilisant la senne,
la richesse spécifique est estimée à 46 espèces appartenant à 21 familles dont les mieux représentées sont les
Sparidae (8 espèces) puis les Labridae (7 espèces) et les Mugilidae (5 espèces). Les Sparidae dominent dans les
captures (42,78%) suivies des Athérinidae (27,32%) puis des Mugilidae (16,9%). Les espèces les plus abondantes
sont : B. boops (2546 individus), A. punctata (1091 individus), A. punctata (795 individus) et T. ovatus (275
individus). Les pêches expérimentales réalisées au trémail ont permis d’identifier 37 espèces rattachées à 16 familles
dont les plus diversifiées sont les Sparidae (11 espèces) et les Labridae (7 espèces). Les familles dominantes dans les
prises sont les Labridae (24,5%), les Mullidae (24%), les Scorpaenidae (22,3%) et les Sparidae (16,8%), soit 88%
des captures totales. La rascasse brune Scorpaena porcus est la plus abondante (79 individus) suivie du labre
Symphodus tinca (74 individus) et du rouget de roche Mullus surmuletus (73 individus).
Le peuplement ichtyologique nocturne est plus diversifié et plus équilibré que le diurne, quel que soit l’engin utilisé.
l’analyse cannonique (ACC) appliquée sur les échantillons capturés avec la senne de plage, montre que la
température de l'eau était le paramètre environnemental le plus important influençant la richesse et l'abondance des
espèces de poissons. L’analyse ANOSIM met en évidence une différence de structuration entre le jour et la nuit.
D’ailleurs, cette différence est conservée même au sein des saisons lorsqu’on utilise une analyse des classifications
CLUSTER . Le site A (Aïn-achir), le plus exposé à l’action hydrodynamique, produit le moins d’individus (A = 414
ind.) et d’espèces (S = 16 espèces). Malgré sa faible diversifié (H’ = 2,73), c’est pourtant le site le plus équilibré (J =
0,70). Comparé au site A, le site B (Belvédère) est plus productif en termes d’individus (3056 ind.) et d’espèces (34
espèces). Les indices de diversité et d’équitabilité sont respectivement de 3,27 et de 0,65. L’analyse spatiale fait
ressortir le site de la Caroube comme étant le plus productif en termes d’abondance (A = 5726 ind.) et d’espèces (S =
38). Dans ce site, l’indice d’équitabilité (J = 0,55) est inférieur à ceux obtenus dans les sites A et B. Quel que soit le
site échantillonné les plus faibles valeurs de la richesse et de l’abondance sont relevées aux niveaux des stations
médianes. Cette étude nous a permis de signaler pour la première fois sur les côtes algériennes, la présence d’une
nouvelle espèce exotique Synagrops japonicus, originaire de l’océan indien. Son intrusion inexpliquée dans les eaux
méditerranéennes et la présence inhabituelle d’individus juvéniles uniquement dans le site Belvédère et en période
estivale (juin et juillet) méritent une attention toute particulière.