Evaluation des risques environnementaux de trois insecticides sélectifs sur un organisme non ciblé Palaemon adspersus (Crustacea, Decapoda)
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Date
2017
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Cette étude conduite dans les conditions de laboratoire, porte dans une première partie
sur l’effet de deux perturbateurs de croissance des insectes (PCIs): le dimilin (DFB),
inhibiteur de la synthèse de la chitine et le méthoxyfénozide (RH-2485), agoniste de
l’hormone de mue sur le poids corporel, la composition biochimique de la cuticule, sur le taux
du glutathion (GSH) et l’activité spécifique de l’acétylcholinestérase (AChE) chez la Crevette
Palaemon adspersus Rathke, 1837 (Crustacea, Decapoda). Le GSH et l'AChE sont des
biomarqueurs du stress environnemental et de neurotoxicité, respectivement. La deuxième
partie consiste à évaluer l’impact des doses sublétales d’un insecticide sélectif, inhibiteur de la
synthèse des lipides, le spiromesifen, sur l’activité de la glutathion S-transférase (GST) et
l'AChE, le taux du GSH, la teneur des lipides et, enfin, sur les taux de malondialdéhyde
(MDA), un biomarqueur de la peroxydation lipidique.
Les PCIs sont additionnés à l’eau d’élevage des Crevettes aux doses de 16 ng/L et 1
µg/L pour le DFB et 24,54 µg/L pour le RH-2485. Les crevettes nouvellement exuviées sont
exposées aux insecticides selon deux modes de traitement : traitement de 24h ; les crevettes
sont plongées dans de l’eau de mer traitée pendant 24h, puis elles sont transférées dans de
l’eau de mer non contaminé jusqu’à l’intermue (Stade C), traitement continu ; Les crevettes
sont exposées aux insecticides du stade A jusqu’au stade C (intermue) où la minéralisation et
le dépôt des couches cuticulaires sont achevés.
L'évolution du poids corporel des crevettes dans les conditions normales révèle que le
poids le plus bas est enregistré au stade A puis il augmente progressivement pour atteindre
son maximum au stade C; on a noté également une légère baisse du poids corporel au stade D.
Après l’exposition aux insecticides, le poids du corps des crevettes diminue significativement,
cette diminution est plus importante chez les crevettes traitées au mode continu.
La composition biochimique de la cuticule chez les séries témoins montre que le taux
de la chitine cuticulaire augmente au cours de la période allant du stade A jusqu’au stade C,
une légère diminution est noté au stade D. Pour les taux de protéines on enregistre les taux les
plus bas à la post-mue (stade A et stade B) et à l’intermue (stade C). Les variations des taux
des sels calciques indiquent que le taux le plus faible est observé au stade A, ces taux
augmentent significativement par la suite pour atteindre un maximum au stade C. Suite à
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l’application des insecticides on enregistre une diminution du taux de la chitine; le DFB à la
dose de 1 µg/L provoque une diminution plus marquée comparativement à la dose 16 ng/L
tandis que le RH-2485 réduit ces taux avec les deux modes de traitement. Ces effets
confirment le mode d’action primaire du dimilin. Le taux des protéines chez les Crevettes
traitées par les insecticides aux deux modes de traitement augmente significativement: le RH 2485 affecte plus le taux de protéines par rapport au DFB. Les deux PCIs administrés pendant
24 h sont sans effet sur le taux des sels calciques. Par contre, le traitement continu provoque
une variation significative du taux des sels calciques chez les Crevettes traitées par DFB et le
RH-2485.
La mesure du taux du GSH au cours du cycle de mue des animaux témoins révèle que
le taux le plus élevé est noté au stade A, et le taux le plus bas est marqué au stade C. Il
augmente significativement au stade D. Le taux du GSH au niveau des séries traitées par
rapport aux séries témoins indique une induction du système de détoxification. Enfin,
l’analyse de l’activité spécifique de l’AChE durant le cycle de mue montre une légère
augmentation de l’activité au stade C. La détermination de l’effet des PCIs sur l’activité de
l’AChE révèle que les insecticides sont sans effet neurotoxique.
Le traitement par le spiromesifen a été réalisé chez des Crevettes nouvellement
exuviées et plusieurs concentrations (6, 12 et 24 g/L) ont été testées. Les doses sublétales
(CL10 = 4,21 et CL25 = 8,98 μg/L) ont été déterminées et évaluées en fonction du temps sur
plusieurs paramètres biochimiques. Le spiromesifen augmente d’une manière significative et
rapide l’activité de la GST avec une relation dose-réponse. En outre, il provoque une inhibition
immédiate de l’activité de l’AChE chez les Crevettes traitées. Il induit également une diminution
rapide et continue au cours du traitement du taux du GSH avec une relation dose-réponse. Le
traitement réduit également significativement et rapidement les teneurs en lipides chez les
Crevettes au cours du traitement et ceci avec une relation dose-réponse. En parallèle on
enregistre une induction immédiate du taux de MDA chez les Crevettes traitées
comparativement aux témoins.